D'Alfred Delvau, on ne connaît aujourd'hui que le Dictionnaire
érotique moderne et le Dictionnaire de la langue verte qui reparaissent ponctuellement. Cet «aimable faubourien», commenté et annoté par Walter Benjamin, appartient à la catégorie des «oubliés et dédaignés», aux innombrables «victimes du livre» dont parlait Jules Vallès. Grâce à l'essai de René Fayt agrémenté de 54 lettres à Poulet-Malassis, on commence à cerner la vie de celui qui a été un «mercenaire des lettres», un «tirailleur irrégulier de la petite presse», un écrivain de la bohème, ami de Félicien Rops qu'il a fait découvrir en France, de Murger et de Baudelaire.
Delvau est né 7 avril 1825 dans le quartier parisien de la Bièvre qu'immortaliseront les premiers photographes du siècle et plus tard Huysmans. Républicain en 1848, il fait le coup de feu sur les barricades. «Il était peuple et avait l'orgueil de son origine», écrira un témoin. Il est brièvement le secrétaire du nouveau ministre de l'Intérieur Ledru-Rollin. Puis, avec ses amis Antonio Watripon et Poulet-Malassis, que Baudelaire surnommera «Coco mal perché», il anime l'Aimable Faubourien, journal de la canaille, et la Conspiration des poudres, sous-titré «journal fulminant»" bien évidemment contre la réaction. Il laissera une Histoire de la Révolution de février, et en 1851, les Murailles révolutionnaires qui rassemblent tous les documents de février 48.
C'était le début d'une carrière de flâneur polygraphe. L'époque était aux grisettes, à l'absinthe