Contrairement aux cinq premiers livres de Jean-Philippe Toussaint,
Autoportrait (à l'étranger) n'est pas un roman. C'est un recueil de onze textes autobiographiques qui se déroulent tous hors de Belgique, où vit l'auteur: au Japon, où il séjourne plusieurs mois en résidence d'écrivain, à Berlin, pour les mêmes raisons, en Tunisie ou au Viêt-nam, où il est invité comme conférencier, à Prague, pour un week-end amoureux, ou encore en Corse, où il passe ses vacances. Ce ne sont pas des récits de voyage tels que remis à la mode depuis une ou deux décennies par les travel writers, mais des instantanés, des impressions, des scènes minuscules: un magasin berlinois, un wagon-restaurant filant vers Prague, une journée en voiture dans le désert tunisien, un tour de reins à Tokyo, une partie de pétanque dans un village corse. Onze fragments de puzzle pour cerner la personnalité d'un écrivain avançant jusqu'ici masqué derrière ses romans (de la Salle de bains à la Télévision), ses films (Monsieur, la Sévillane, la Patinoire) et sa réputation méritée d'humour et de causticité.
Ce recueil ne déroge pas: on le lit vite, avec une bonne humeur grandissante. Ainsi, cet affrontement bref mais victorieux avec une charcutière allemande peu amène: à Berlin, note le narrateur, «lorsqu'on entre dans un magasin, il faut, dit-on, après s'être essuyé les pieds, s'excuser presque de vouloir acheter quelque chose». Mais, face à cette commerçante aussi menaçante que corpulente, le narrateur tient bon et exi