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Libération
Critique

Belletto, la voix lactée. Un ex-policier amateur de bel canto embarqué dans des aventures musicales, extratemporelles et intergalactiques. René Belletto, Créature, P.O.L, 348pp., 130F.

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publié le 24 février 2000 à 22h38

Guitariste et amateur de hi-fi, Belletto a fait de la musique une

composante importante de son univers romanesque. Dans Créature, qui clôt la trilogie commencée avec Régis Mille l'éventreur et Ville de la peur, non seulement la musique rythme l'intrigue mais elle règle l'ordre du monde. Michel Rey, le héros de ce triptyque, a quitté Lyon et la police après une affaire particulièrement traumatisante. Installé à Paris avec sa jeune femme astronome, l'ex-inspecteur s'est fait luthier, et en mélomane averti, consacre son temps et son argent à sophistiquer son équipement stéréo et courir les concerts. Sa passion pour Bach lui fait éprouver une étrange fascination pour Estella Klehr, une soprano merveilleuse mais au visage défiguré par un spectaculaire angiome.

Des événements tragiques vont bouleverser cette vie apaisée: sa femme Anna ­ «une véritable déesse de passage sur la Terre»­ se fait assassiner par un psychopathe, lui aussi un maniaque des amplis, mais qui ne supporte pas la beauté. Le tueur supprime également la cantatrice, devenue la plus belle femme du monde après qu'un chirurgien a miraculeusement réussi à l'opérer. Aussi révolté que désespéré, Michel Rey reprend son revolver et son ancien métier, cette fois comme détective privé, et retrouve l'assassin. Fin de la première partie, construite assez classiquement et avec les ressources qu'on aime chez Belletto: le sens du détail, le goût de la phonétique, et une forme de compassion pour ses personnages, même les pires, tou