Le livre s'appelle la Septième Nuit, ce qui ne l'empêche pas de
raconter les six autres. Et c'est tant mieux, sinon, on ne comprendrait pas tout. Ça commence un lundi, Hubert, sa femme le quitte. On se dit, bon, ça va comme un lundi. Ça ira mieux demain. Non, pas tellement. Le livre est construit un peu comme la Genèse, sur les sept nuits de la semaine, une par chapitre, sauf que maintenant on connaît les noms des nuits, lundi, mardi, mercredi, on en passe et des meilleures, souvent l'histoire avance également en plein jour.
Avant le lundi, un court prologue, comme pour dire qu'au commencement serait le verbe et qu'en continuant, on verra bien s'il se fait chair. Et que tout le livre vérifie le prologue. La première phrase plaît: «Il paraît que la femme d'Hubert est dans les affaires désormais», et le dernier paragraphe de cette présentation fait craindre le pire: «Hubert déteste son ancien chef, qui est très riche. Ce n'est pas à cause de sa richesse qu'il le déteste. Il le déteste pour autre chose, de bien plus douloureux, de bien plus profond. Son ancien chef lui a fait du mal, énormément de mal.» Il nous faudra une semaine pour le comprendre, à Hubert aussi, mais Hubert, forcément, il ne comprend pas tout tout de suite, il est trop beau, trop grand, trop fort, trop gentil, trop sentimental. Trop con? Ce n'est pas lui le narrateur, il n'a pas la parole facile, mais c'est écrit comme si c'était lui, comme si, pour qu'il comprenne, il fallait s'en tenir dorénavant à des phras