Nos sociétés occidentales sont, dit-on, dépolitisées. Sans doute
cette appréciation est-elle exacte tant qu'elle vise la surface de la vie collective, l'écume des événements. Mais il serait désinvolte d'en rester à cette opinion. Le dernier livre de Christian Delacampagne, mettant en évidence la vitalité de la philosophie politique, témoigne en effet de la persistance obstinée du questionnement politique.
Les problématiques fondamentales de la philosophie politique qui remontent à Platon et Aristote ne sont pas mortes, enfermées dans des bibliothèques ou sur les serveurs de quelques sites internet. Au contraire, dans la période récente se sont multipliées les oeuvres et les débats autour des questions fondamentales. Quel est le meilleur régime politique? Existe-t-il un meilleur régime dans l'absolu, ou bien faut-il se contenter du moins mauvais? En quoi consiste la liberté? Est-elle le bien le plus désirable, et sous quelle forme? En quoi consiste la justice? Faut-il plus de liberté, ou plus de justice? D'une antiquité vénérable, ces questions sont au coeur des discussions et des polémiques contemporaines.
Aux Etats-Unis, la philosophie politique s'élève à un degré de bouillonnement et de créativité exceptionnel. Rawls, Dworkin, Walzer, McIntyre, Rorty, Hutinton, Howard sont les principaux artisans de ce nouvel âge d'or de la philosophie politique de l'autre côté de l'Atlantique. En habile passeur, et en témoin privilégié qu'il est puisqu'il enseigne à Connecticut College, D