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Libération
Critique

Louise Michel, poste révolutionnaire.

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Publication de la correspondance, sur plus de cinquante ans, de celle qui fut toujours sur la brèche pour défendre contre tous les pouvoirs les femmes, les chômeurs, les enfants, les animaux, et même celui qui tenta de l'assassiner.
publié le 24 février 2000 à 22h31

Xavière Gauthier, notre «Sorcière» des années 1975, fut de longue date fascinée par Louise Michel, l'irréductible, à laquelle elle avait consacré une biographie (1990), aujourd'hui rééditée (1) pour accompagner la Correspondance que, durant dix ans, elle a traquée à travers toutes les archives possibles, à Paris, Moscou et Amsterdam, où l'IIHS (Institut international d'histoire sociale) comporte le fonds le plus riche: 884 lettres provenant de Lucien Descaves. Le résultat est impressionnant: 1 288 numéros, soit la totalité des lettres retrouvées de Louise Michel ­une épave­, mais aussi quelques centaines de lettres à elle adressées, qui restituent le réseau sans cesse plus étendu de ses correspondants. De Victor Hugo, Clemenceau, Rochefort, Sarah Bernhardt, Bakounine aux membres de la famille ou de l'ethnie anarchiste, aux innombrables solliciteurs qui ne cessent d'assaillir la «bonne Louise» de demandes de conseils ­faut-il emmailloter les bébés? ­ ou d'argent, en vertu de «cette imbécile légende que (sic) j'accueille tout le monde tandis que je ne puis même rien donner», ils composent une nébuleuse dont «la Grande Citoyenne» est le centre incandescent.

Soigneusement transcrites, et ce n'était pas une mince affaire tant l'écriture de Louise, échevelée et changeante, était peu lisible et son style à l'emporte-pièce, et annotées, ces lettres, classées chronologiquement, constituent un document de premier ordre. Chaotique, disparate, haletante, cette correspondance, imbriquée d