Rituel chez les ritualistes, Laboratoire d'anthropologie sociale du
Collège de France, Paris, vingtième (ou vingt et unième?) siècle. Petits fours en quinconces, Françoise Héritier, jeune retraitée, reçoit l'hommage de ses pairs, 600 pages de «textes pour Françoise Héritier» reliées par Fayard dans un élan désintéressé. «Une folie», confie l'éditeur Olivier Betourné. La tribu (moins de cent membres) est réunie, du beau patriarche Claude Lévi-Strauss à Françoise Héritier, son héritière au Collège. La bibliothèque en poutres métalliques et abat-jour pourrait être de Tardi, un soir de pluie sur la verrière, les vingt tomes de l'Encyclopédia Ruralis dorment dans les vitrines. Margarita Xanthakou, administratrice du Collège de France et aveugle, est guidée par une anthropologue en herbe. Lunettes noires, elle fait offrande du livre. L'africaniste, consacrée notamment par «son observation d'inspiration lévi-straussienne des samo-Burkinabe», reçoit présent et compliment. Elle lit en réponse un feuillet bien tourné. Les invités des autres peuplades de la rive gauche applaudissent. Plus tard la psychanalyste Elisabeth Roudinesco salue la presse française, «même régionale, il n'y a rien à dire». Au Brésil, raconte-t-elle, «ils m'avaient fait dire que Lacan était au Collège de France». L'éditeur Maurice Olender, sa petite sacoche en bandoulière, bousculant la coutume courtoise, court-circuite les apartés: «J'ai une phrase meurtrière, meurtrière.» Happé par sa propre renommée, interrom