Professeur agrégé de russe aujourd'hui à la retraite, Charles
Weinstein est un fou des langues et littératures des peuples du Nord. Ses tiroirs regorgent de traductions de contes ou récits inédits (ainsi plus de 300 contes tchouktches!), sa traduction d'épopées évènes doit paraître au XXIe siècle dans la collection «l'Aube des peuples» chez Gallimard. Il a fait venir à Perpignan le grand écrivain Nivkh Sangui (un peuple de l'île de Sakhaline), des Nanaïs de l'Amour, des Youkaguires de Yacoutie. Et puis un jour de 1993, Weinstein, jeune retraité de l'enseignement, prend l'avion pour Anadyr, capitale de la Tchoukotka, et y reste. «Peut-être parce que c'était le peuple du Nord le plus loin de tout», dit-il aujourd'hui dans son studio d'Anadyr dont il ne s'est pas soucié de changer le papier peint. Devant lui, un ordinateur portable, cerné par des boîtes en cartons où s'accumulent des milliers de fiches écrites à la main: les 10 000 mots (à ce jour) d'un dictionnaire français/ tchouktche qu'il rêve un jour de pouvoir publier. C'est en traduisant Peaux de phoque de Veqet que Weinstein s'est lancé dans cette entreprise pionnière et titanesque.
Parallèlement, depuis son installation à Anadyr, il remplit des carnets d'écoliers, un journal de bord de la Tchoukotka vu du côté des Tchouktches, les Russes du coin qu'il nomme «les Blancs»ne l'intéressent guère. Un document d'autant plus précieux que les nouvelles qui nous viennent de la Tchoukotka contemporaine sont rares. S'y égrène