Le titre le laisse entendre: Marc Abélès a fait du Palais-Bourbon
son terrain d'enquête le temps de la session parlementaire 1998. Néanmoins le livre qu'il en a ramené tient plus du journal du chercheur que d'une ethnologie aboutie. C'était probablement le cahier des charges. Il est vrai que la science politique et la sociologie considèrent le Parlement un peu comme leur chose. Et, surtout, la presse y campe depuis longtemps, de manière si assidue et souvent non inintelligente qu'il semble bien que peu d'aspects de cette institution bicentenaire dignes d'êtres connus soient restés dans l'ombre d'autant plus que les journalistes eux-mêmes n'ignorent et n'hésitent pas à utiliser méthodes et instruments des différentes sciences humaines. Cela dit, Un ethnologue à l'Assemblée est un livre brillant, plein de détails, de noms, d'anecdotes (pas toutes inédites) et d'informations parfois de première main, porté par une réelle empathie entre le chercheur et son objet, un ouvrage teinté de fond en comble d'une inquiétude citoyenne sur le devenir des parlements en cette époque, cruciale selon l'auteur, de transition de la politique. Directeur du laboratoire d'anthropologie des institutions et des organisations sociales du CNRS, Marc Abélès a publié, notamment, Jours tranquilles en 89 (Odile Jacob, 1989), Anthropologie de l'Etat (Armand Colin, 1990) et la Vie quotidienne au Parlement européen (Hachette, 1992).
Le «localisme» demeure une donnée essentielle pour se faire élire, mais les