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L’histoire de la revue fondée par Georges Bataille, qui poursuit son droit chemin riche en détours.
publié le 2 mars 2000 à 23h06

Alors que Critique continue son droit chemin riche en détours avec un numéro double consacré aux nouvelles tendances de la discipline historique, un livre vient éclairer cinquante ans d’histoire de la revue, de sa création jusqu’à la mort de Jean Piel qui avait succédé dans la direction à Georges Bataille, le père fondateur. Exploitant les archives léguées par ce même Jean Piel à l’Imec et s’appuyant sur une série d’entretiens avec les protagonistes, Sylvie Patron ne se contente pas de produire la première monographie ponctuelle et informée de cette revue phare de la culture européenne, mais aussi une bibliographie raisonnée de l’époque. Quand Bataille fonde Critique en 1946, il n’est pas encore Bataille et souffre d’un complexe de moindre notoriété par rapport à Sartre. D’ailleurs sa revue mensuelle va se confronter immédiatement avec les Temps modernes de Sartre et Esprit de Mounier. Les débuts sont assez chaotiques, son premier éditeur, Girodias, préférant donner le mieux de lui-même à La Grande Séverine, la boîte de nuit qui vient d’ouvrir, devenue vite célèbre. Gestionnaire plus qu’avisé, et néanmoins parieur sur une entreprise chancelante, Jérôme Lindon des éditions de Minuit va assurer la suite. Une première communauté d’irréguliers (Bataille, Blanchot et Klossowski) et d’immigrés (Weil, Kojève, Koyré) sera suivie d’autres, fusionnant, se déchirant et, finalement, laissant la place aux suivants, de Barthes à Foucault, Derrida, Deleuze, Bouveresse" Le trajet est accide