«Source unique concernant des événements survenus à l'époque des
origines du christianisme la prise de Jérusalem, la destruction du Temple, l'exil des Juifs elle a longtemps servi, par défaut, de référence obligée à toutes les époques.» Cette référence obligée, c'est la Guerre des Juifs, de Flavius Josèphe. L'oeuvre a des allures de mythe, constamment citée, pillée, déformée, interprétée de toutes les façons, selon les moments historiques et les intérêts doctrinaux ou politiques. Et son auteur est, à lui seul, une énigme. A sa naissance vers l'an 37 de notre ère, dans une famille aristocratique de Jérusalem, il s'appelait Joseph Ben Mattatyahu. Tout le destinait au rabbinat. Mais il part d'abord à Rome, pour une ambassade auprès de Néron. De retour en Judée, quand éclate la révolte contre les Romains, il prend le commandement des troupes de Galilée. Il est fait prisonnier, et tourne sa veste, devenant alors Titus Flavius Josèphe. Il voit Jérusalem devenir Aelia Capitolina, la Judée Philistina, ou Palestine, et laisse le récit complet de la guerre de 66-73, jusqu'à la chute de Massada. Les Juifs ne vont guère considérer la Guerre des Juifs, oeuvre d'un traître. Les Romains ne lui accorderont guère d'importance, ne voyant en la guerre elle-même qu'une péripétie dans l'histoire de l'Empire. Et les chrétiens n'en souligneront que les pages qui pouvaient attester la réalité historique de Jésus. Bref, la Guerre des Juifs aurait dû tomber dans l'oubli. Elle est devenue Denis