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Critique

Réamorcer la pompe Afrique. Avec «Continents noirs», Gallimard, après d'autres éditeurs, entend rendre compte, à raison de sept titres par an, de l'effervescence de la littérature africaine. Amos Tutuola L'Ivrogne dans la brousse, Traduit de l'anglais par Raymond Queneau. Gallimard, 134 pp., 79 F. Sylvie KandéLagon, lagunes, Gallimard, 80 pp., 65 F.

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publié le 2 mars 2000 à 23h06

Lorsqu'en 1953, Raymond Queneau publia sa traduction du roman d'Amos

Tutuola, il se trouva des gens bien informés pour suggérer qu'il s'agissait d'une supercherie littéraire. Ça se voyait que le roman était de Queneau, disaient-ils. Mais alors qui était le Noir à côté de lui sur les photos? Un ami sans doute, on ne savait pas où il l'avait trouvé. Jean-Noël Schifano, directeur de la nouvelle collection «Continents noirs», cite cette anecdote pour illustrer la situation de la littérature noire qu'il résume en une question: Amos Tutuola a-t-il vraiment existé? Schifano est bien décidé à prouver que oui, même s'il a mis un mois à trouver les dates de l'écrivain nigérian (1920-1997) dont la mort n'a provoqué aucun écho en Europe ni d'ailleurs en Afrique. «Continents noirs» n'est pas un travail de pionnier. D'autres éditeurs (Présence africaine, Dapper, des parutions régulières au Seuil ou au Serpent à plumes) ont déjà entrepris de diffuser la littérature africaine. Mais l'engagement de Gallimard sur ce terrain, cinq à sept volumes par an plus un beau livre en fin d'année (le premier sur Madagascar), devrait encore en accroître la visibilité. L'intention, évidemment, n'est pas de créer un ghetto doré (après les pédés, les Noirs, et bientôt qui?) mais de rendre compte de l'effervescence de la diaspora noire et pas forcément francophone. A venir, donc, un écrivain togolais vivant en Allemagne, un Mauricien habitant Pékin, et l'intention affichée de trouver des textes dans les lang