Lui, Sollers, il ne se gêne pas. Alors, pourquoi se gêner. Il se gêne d’autant moins à citer abondamment les autres qu’il revendique le collage comme procédé romanesque, prêt à ne signer de sa propre main que les traces de colle, on exagère, et il s’y livre avec une habileté diabolique, jusqu’à ressusciter des textes tricentenaires comme les voyages lunaires de Cyrano de Bergerac, pour aller de Paris à Venise ou ailleurs, reproduire avec jubilation des pages du Festin nu comme si Burroughs l’avait écrit quarante ans trop tôt pour préparer ce livre-ci, ou les soixante-quatre hexagrammes du Yi king, trois siècles avant Jésus-Christ qui ne parlerait que de Sollers lui-même et de ses parages.
Pourquoi se gêner donc puisque, cette fois, il s'agit de citer Sollers lui-même, de citer ces pages qui semblent écrites malicieusement pour qu'on les cite, pour faciliter le compte rendu de lecture du journaliste en qui, sinon, on ne peut guère avoir confiance. A vingt pages de la fin, Sollers feint d'écrire pour survivre à un futur déluge, en vue d'une postérité d'antiquité, après que les éléments se seront retirés, après que les langues auront versé dans d'autres langues et que notre français sera mort, on retrouvera son livre intact, dans cette époque projetée où, curieusement, on se souvient des livres. C'est maintenant que l'on cite, longuement, à partir de la page 274, ce que Sollers imagine que l'on comprendra de son livre. Et il ne se trompe pas. Prêts? Partez.
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