Il y a dix ans, un colloque de l'Unesco, organisé, sous l'égide du
Collège international de philosophie, par René Major, Patrick Guyomard et Philippe Lacoue-Labarthe, soumettait la pensée de Jacques Lacan au scanner des philosophes (1). Aujourd'hui ce sont les psychanalystes eux-mêmes qui tentent de «relire Lacan», et de repenser la psychanalyse à partir et après Lacan. Les actes de cette «décade de Cerisy» viennent de paraître, réunis, toujours par Patrick Guyomard et René Major (2) sous le titre: Depuis Lacan. Doit-on dire de Lacan ce que Lacan disait de Descartes, de Kant, Marx ou Hegel, à savoir qu'on ne les «dépasse pas», parce qu'ils marquent «une orientation véritable», mais que l'on «s'en sert», qu'«on se déplace à l'intérieur» et qu'«on se guide avec ce qu'ils nous ont donné comme directions»? L'orientation la plus manifeste donnée par Lacan a été celle d'un «retour au Freud». Il ne signifiait pas seulement un retour au... père de la psychanalyse. Mais un retour au père, par quoi «la fonction du père et de son meurtre» retrouvait dans le psychisme inconscient une place centrale - que certains héritiers, et Mélanie Klein en particulier «soucieux de capter les réactions précoces de l'enfant à une présence essentiellement maternelle» avaient singulièrement réduite. Quelle direction indique à présent un «retour à Lacan»? Permet-il de rendre raison des résistances à la psychanalyse (Erik Porge)? De mieux appréhender la différence des sexes (Monique Scheider (3))? D