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Libération

Salon du livre. Casablanca, à l'ombre de la mosquée. Les activités de Carrefour des livres sont un baromètre de l'état de la censure et de la démocratie.

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publié le 16 mars 2000 à 23h35

Casablanca (Maroc), envoyée spéciale.

Marie-Louise Belarbi n'a pas choisi d'installer Carrefour des livres entre les fleurs et une mosquée intégriste par hasard. Il y a quinze ans, elle jetait son dévolu sur des garages situés sur le chemin qu'une clientèle aisée et des intellectuels empruntent le dimanche pour se rendre au marché du Maarif, l'ancien quartier juif et espagnol de Casablanca. Le succès fut immédiat. Cette ancienne attachée de presse de chez Julliard, venue au Maroc en 1959 pour suivre un mari marocain, innove en vendant des ouvrages en solde et en organisant des expositions de peinture et des conférences pour une clientèle qui n'avait jamais rencontré un auteur. «A l'époque, se souvient-elle, les Marocains n'entraient pas dans les librairies françaises, persuadés qu'il fallait obligatoirement acheter.» La première «signature» qu'elle organise marque un événement: le retour d'exil de Driss Chraïbi, dont le premier roman le Passé simple, cri d'un adolescent devant les tares et les lâchetés de sa société, fut interdit jusqu'en 1974 au Maroc.

C'est le temps où quelques imprimeries font office de maisons d'édition et où Sochepresse, entreprise nationale, distribue presse et livres marocains et étrangers. Il faudra attendre les années 1980 pour que le Maroc connaisse un réel essor avec la création de maisons éditant en français de la littérature, des romans, des livres pour les jeunes, mais peu d'essais (Eddif, Afrique-Orient, Belvisi, Le Fennec"). Grâce à cela, le li