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Libération

Salon du livre. São Paulo, épopées et embûches. Problèmes de Claudie Monteil: l'influence française est en baisse et celle du Web en hausse.

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publié le 16 mars 2000 à 23h34

São Paulo (Brésil), envoyé spécial.

Claudie Monteil avait 7 ans quand son père inaugura la Livraria Francesa de São Paulo. C'était en 1947. Le Brésil sortait du règne du dictateur populiste Getulio Vargas (1930-1945). Une intelligentsia gravitait autour de l'université de São Paulo, fondée dans les années 30 par une mission française. Lévi-Strauss, Braudel et Bastide y ont enseigné. Ils furent les maîtres d'une génération pour qui la culture se conjuguait en français.

Faire venir un ouvrage par bateau était une épopée semée d'embûches. Paul-Jean Monteil a pourtant relevé le défi. Ingénieur envoyé en mission en 1937, il réalise son rêve d'enfance: être libraire. Le premier libraire francophone du Brésil. Sa maison est toujours la seule du pays exclusivement dédiée aux ouvrages dans la langue de Molière. Monteil est aussi éditeur et traducteur.

Sa fille raconte: «Le grand moment pour nous, ça a été la visite de Sartre et de Simone de Beauvoir en 1960.» Claudie avait alors 20 ans et commençait sa vie professionnelle auprès de ses parents. «C'était fou, la cohue, l'impact de cette visite. On n'a plus jamais vécu cela. Aujourd'hui, aucun penseur ou écrivain français ne provoquerait un tel enthousiasme.» L'ambiance s'est vite détériorée. En 1964, les militaires ont pris le pouvoir et la censure, oubliée depuis l'époque Vargas, revient en force. Des policiers font quelques visites d'intimidation au magasin. Mais le pire, c'était la douane. Là, les censeurs monoglottes saisissaient à