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Libération

Jaurès, retour à la tribune.

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Laissée en chantier durant des décennies, reprise, sous l’impulsion de Madeleine Rebérioux, de la publication monumentale des «oeuvres» de l’orateur, figure tutélaire du socialisme francais.
publié le 23 mars 2000 à 23h38

Voici, grâce à Madeleine Rebérioux, à Gilles Candar et à l’équipe

qu'ils ont su constituer, l'édition des oeuvres de Jean Jaurès qu'on attendait, ou plutôt qu'on n'attendait plus, tant les tentatives avortées furent nombreuses. La Société des amis de Jaurès, présidée par Lucien Lévy-Bruhl, en avait fait le projet dès juin 1916. Il est repris par un comité scientifique élargi aux radicaux et soutenu par les éditions Rieder. Max Bonnafous, normalien, philosophe et socialiste, en est le maître d'oeuvre et 9 volumes paraissent entre 1931 et 1937. La guerre arrête tout, et pour longtemps: Bonnafous, maréchaliste, devint ministre de l'Agriculture de Vichy de 1942 à 1944. La reprise, on la doit à Camille-Ernest Labrousse, grand maître de l'histoire économique et sociale à la Sorbonne après la Libération, membre de la SFIO et, un temps, rédacteur en chef de la Revue socialiste. Il admirait l'art oratoire de Jaurès, qui inspirait le sien, et plus encore son esprit de synthèse entre la tradition révolutionnaire française et le marxisme. En 1959, année du centenaire de la naissance de Jaurès, il fonde la Société des études jaurésiennes, à laquelle il fixe pour objectif «la publication des oeuvres avec l'indispensable appareil critique». Il y a de cela quarante ans. Sans la ténacité de Madeleine Rebérioux, sa conviction que la pensée de Jaurès, à laquelle elle a consacré l'essentiel de sa recherche (1), conserve aujourd'hui toute son actualité, et l'appui de Claude Durand et des éditions