En épigraphe au Géranium ovipare, il y a ces deux questions
auxquelles il ne sera jamais répondu: «Pourquoi Géranium? Pourquoi ovipare?» Né en 1867 et mort en 1945, Georges Fourest est l'auteur de la Négresse blonde (déjà repris en «Cahiers rouges» en 1998) où on trouve un vers célèbre à la fin d'un sonnet résumant le Cid (Phèdre et Andromaque ont aussi droit à un poème dans ce «Carnaval de chefs-d'oeuvre»): «Qu'il est joli garçon l'assassin de papa!» Si Georges Fourest a eu une vie de bon père de famille, catholique pratiquant, avocat «loin de la cour d'appel», sa poésie joue sur la désinvolture apparente et une fantaisie indéniable pour créer une «Ecole Fourestière» (la préface indique en outre que des associations d'amis de Georges Fourest ont vu le jour «dans les camps de prisonniers» durant la dernière guerre mondiale). Dans le Géranium ovipare, il s'intéresse aux lauréats du prix Goncourt (et au repas qui leur est servi) pour écrire: «Mais à toi la langouste, ô Proust!/ Pour trouver une rime en roust/ J'irai bien jusqu'à Famagouste.» Ailleurs, il fait rimer «silex» avec «sed lex», car la loi de la versification est dure, elle aussi. L'«Epitre de Cassandre à Colombine» commence ainsi: «Comme le champ pierreux qu'enfin le colon bine/ votre coeur est un roc, aimable Colombine!» Dans «D'abord quelques trépassés d'hier ou d'avant-hier», on lit: «En cette chambre où m'isola/ la nuit je lis au lit Zola.»
«Au moins un lustre/ s'est écoulé/ depuis qu'un lustre/ s'est écroulé»,