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Libération
Critique

Self mad man. Les premières nouvelles de Will Self, sous influence pataphysique et stupéfiante. Will Self La Théorie quantitative de la démence. Traduit de l'anglais par Francis Kerline. L'Olivier, «Marges», 316 pp., 120 F.

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publié le 23 mars 2000 à 23h21

Le tout premier recueil de nouvelles de Will Self, publié en 1991 et

intitulé la Théorie quantitative de la démence, avec cinq autres propositions à l'appui, se présente comme une sorte de gigantesque hôpital psychiatrique, à ce détail près que le lecteur ignore la place exacte qu'il y tient, car «la séparation entre médecin et patient» correspond là «à une hypothèse épistémologique sans fondement». Will Self reste, il faut le rappeler, le seul auteur dont la lecture vous colle une gueule de bois carabinée, cette impression dégueulasse de ne plus savoir si vous êtes votre gerbi sur le parquet ou bien si vous avez une existence distincte, si vous êtes un homme ou un chimpanzé.

Ceci est bien normal, puisque, comme l'énonce la théorie quantitative de la démence, il n'y a «qu'une quantité donnée de santé mentale dans une société à un moment donné», c'est-à-dire par exemple que la prescription d'une médication efficace pour les maniaco-dépressifs du Fens fait augmenter le nombre d'agoraphobes de la côte sud de l'Angleterre (1). Soit encore: plus on est de fous, plus on rit. Cette brillante théorie se situe dans la lignée de la réflexion du célèbre analyste Alkan (qui rappelle «un peu Le Corbusier, mais en beaucoup plus grand et plus mince») et se confirme lorsqu'on tabasse à mort le groupe témoin lors des protocoles expérimentaux. Et, si l'on n'est pas convaincu, on n'a qu'à aller consulter le docteur Zack Busner, le même qui officiera six ans plus tard dans les Grands Singes.

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