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Critique

Javier Marias La vengeance du «Roman d’Oxford».

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Un roman chasse l’autre. Mais, chez Marias, le «Roman d’Oxford» revient au galop dans «Dans le dos noir du temps».
publié le 30 mars 2000 à 23h11

C’est une forme très particulière d’autofiction que Javier Marias met à l’oeuvre dans Dans le dos noir du temps et qui lui permet de citer entre guillemets dans le roman des extraits d’un autre de ses romans, situation assez rare. En 1989, l’écrivain espagnol né en 1951 a publié un livre traduit chez Rivages (où il est disponible en poche) sous le titre le Roman d’Oxford. L’intrigue se déroulait dans la célèbre ville universitaire anglaise où l’auteur avait enseigné la littérature. Le point de départ de Dans le dos noir du temps est les répercussions que le roman précédent aurait eues dans la réalité sur des professeurs d’Oxford, certains s’y étant reconnus. A tort, précise Javier Marias avec un sens joyeux et ambigu de la dénégation. Car, plus le narrateur nie les liens entre la réalité et le Roman d’Oxford, plus ceux-ci apparaissent solides. Il raconte qu’un de ses anciens collègues l’a félicité de ne pas avoir écrit un «roman à clef», mais cet admirateur parle ensuite d’autres professeurs en les appelant par les noms de personnages du roman auquel il les identifie donc, contredisant son jugement précédent. Toute la première partie du livre joue de ces équivoques: pourquoi faire plus confiance au narrateur de Dans le dos noir du temps qu’à celui du Roman d’Oxford?

Celui-là écrit: «Mais en fait, il n'y a pas de raison pour que ce que j'assure ou déclare soit cru, bien qu'il existe une confiante et injustifiable tendance à croire ce que les auteurs affirment à propos de leur