A Rome, les parricides étaient condamnés à la très étrange «peine du
sac»: après avoir été flagellés, ils étaient enfermés dans une outre en compagnie d'un singe, d'un coq, d'un chien et d'une vipère, puis jetés à la mer. Châtiment insolite, dont le sens ne s'éclaire qu'à la lueur des symboles attachés par les anciens à ces quatre animaux. A l'individu qui, en tuant son géniteur, transgressait une règle sociale fondamentale, on réservait la compagnie du chien, considéré alors comme un animal méprisable, du coq, réputé pour sa férocité, du serpent qui éventre sa mère en naissant, et de cette caricature humaine qu'était censé être le singe. Que les bêtes malfaisantes s'entre-déchirent entre elles, loin de la société des hommes!
Historienne du droit antique, Eva Cantarella s'est interrogée sur la pluralité des peines capitales dans les mondes grec et romain, et la fonction spécifique attribuée aux divers châtiments. Récusant toute analyse en terme de «cruauté antique», elle propose une réflexion érudite sur «l'imaginaire pénal», les logiques et les rituels sociaux auxquels il s'adosse, les croyances et les symboles magiques qu'il mobilise. Au coeur de la démonstration réside l'idée que jamais l'exécution capitale n'était une fin en soi, mais ne valait que par les modalités et la symbolique de sa mise en oeuvre. Ainsi s'éclaire l'extraordinaire arsenal des peines antiques, toutes investies de significations particulières. La pendaison, par exemple, et son balancement suggestif, ét