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Libération
Interview

Washington de boue. Les destins hyperviolents des jeunes Noirs du ghetto de la capitale. Entretien avec le Gréco-Américain George Pelecanos. George P. Pelecanos. Suave comme l'éternité. Traduit de l'américain par Frédérique Pressmann. L'Olivier, «Soul Fiction», 370 pp., 129 F.

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publié le 30 mars 2000 à 23h11

Washington, envoyé spécial.

Un quartier noir de Washington agité comme il se doit. Une boutique de disques dont le patron est Marcus Clay, un grand Noir costaud, vétéran du Viêt-nam, malin, divorcé et père d'un fils qu'il ne voit pas assez. A ses côtés, Dimitri Karras, fils d'émigrés grecs, un ancien prof un peu trop accro à la coke. Et leur comptable. Tout ce beau monde prospérerait entre défonce, affaires tout à fait légales, filles, ennuis conjugaux et musique si un beau jour un dealer ne perdait le contrôle de son automobile devant le magasin. L'imprudent est tué et décapité dans l'accident. A ses côtés, un oreiller bourré de billets de banque qu'il ramène à son caïd, le sinistre Tyrell Cleveland. Juste avant que les flammes n'avalent tout, le cadavre et les dollars, Eddie Golden, un petit artisan trop audacieux qui passait par là, se jette dans les flammes et en tire l'oreiller. Il décide de le garder pour lui.

Suave comme l'éternité est un titre qui fonctionne comme une antiphrase. Entre deux références musicales des années 80, George P. Pelecanos entre-tisse les destins violents des jeunes Noirs du ghetto, de leurs bandes qui s'exterminent minutieusement, de Clay et de son bras droit Karras, qui se posent plein de questions mais savent aussi agir le cas échéant, d'une jeune femme qui balance entre Eddie le voleur et Dimitri le cocaïnomane, et de deux flics qui traînent trop dans ces parages pour être honnêtes. A la façon dont il s'attache à la logique spéciale de chacu