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Libération
Interview

Ellis, glamour à mort.

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Entretien express avec Bret Easton Ellis en tournée promotionnelle pour «Glamorama», qui applique les techniques de vidéosurveillance à la littérature et fait de la mode le dernier salon des terroristes.
publié le 6 avril 2000 à 0h16

Victor Ward, crétin sublimement beau, prépare l’ouverture d’une boîte de nuit et se mêle d’histoires qui ne le regardent pas. Bientôt l’énigmatique Palakon lui propose 300 000 $ pour retrouver une certaine Jamie Fields en Europe. Victor se retrouve complice d’un réseau de tops-models terroristes qui, non contents de tourner des snuffs-movies (dans lesquels «le fils du Premier ministre français» passe un sale quart d’heure), ont entrepris de faire sauter Paris, entre autres. Leurs armes favorites: la robe Armani empoisonnée, le sac Vuitton à retardement. Et ils signent leurs méfaits d’une pluie de confetti. Humour second degré. Quant à Jamie Fields, qui a copieusement mis Victor dans la merde, elle meurt en lui révélant qu’elle n’est pas Jamie Fields. Enfin, si vous voulez éviter de voir traduit «In is out» par «Démodé est dans le coup», achetez-vous le texte anglais en poche, ça vaut deux fois moins cher et au moins, ça a un sens.

Bret Easton Ellis s'est déjà expliqué dans quarante mille interviews sur le rapport entre mode et terrorisme. Résumons: 1) la mode est un terrorisme 2) se dissimuler sous le règne de l'apparence, c'est le principe de la Lettre volée de Poe. A ceux qui continuent de trouver que Ellis est un auteur dégueulasse, on pourrait encore démontrer 3) que la mode et l'éventration ne sont pas si différentes, puisqu'il s'agit de mettre l'intérieur à l'extérieur, d'indifférencier public et privé (se faire étrangler avec ses propres intestins par exemple) et que