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Critique

Chez les Grecs. David Halperin s'immerge dans la Grèce antique pour démontrer que l'homosexualité est une construction sociale et culturelle. David HALPERIN. Cent ans d'homosexualité et autres essais sur l'amour grec, Editions EPEL, 317 pp. 145F.

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publié le 13 avril 2000 à 0h07

Interroger les pratiques et les discours sexuels des Grecs est un

bon moyen pour mettre en question nos certitudes les mieux établies sur la sexualité. C'est ce que démontre le dernier livre de David Halperin, spécialiste de la sexualité dans l'Antiquité grecque, qui s'inscrit dans la lignée de Michel Foucault mais avec une dimension résolument historienne. L'idée centrale de son livre est qu'homosexualité et hétérosexualité sont des inventions récentes, occidentales et bourgeoises. Rien d'équivalent ne se rencontre dans l'Antiquité. Dans le débat déjà bien installé entre essentialistes et constructionnistes, Halperin a clairement choisi son camp: contre les premiers qui affirment qu'il y a toujours eu une minorité homosexuelle, il pense que l'homosexualité est une construction sociale et culturelle his- toriquement située et que l'opposition tranchée que nous connaissons entre catégories sexuelles n'est pas une vérité universelle. Ne pas reconnaître ce relativisme nous condamne à ne rien comprendre aux sexualités propres à d'autres cultures. L'invention de l'homosexualité (et donc de l'hétérosexualité) ne remonte en effet qu'au XIXe siècle, de même que l'approche de la sexualité en termes d'instinct naturel qui déterminerait, au moins en partie, la personnalité. Ce n'est qu'à partir de cette époque que chacun doit désormais appartenir à une catégorie sexuelle qui le définit. L'idée essentielle de l'auteur est qu'il ne semble pas y avoir de preuves que les préférences sexuel