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Libération
Critique

Renaud Camus monte aux créneaux.

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Du haut de son château de Plieux (Gers), l'auteur de «Tricks», un brin aristocrate, s'afflige qu'«il existe un tiers-état de la langue française».
publié le 13 avril 2000 à 0h07

Plieux (Gers), envoyé spécial.

Au premier regard, le château de Plieux paraît une merveilleuse forteresse médiévale. Au deuxième aussi, d'autant que les arbres sont en fleurs, mais on s'aperçoit que le château tient mal debout. Depuis six siècles qu'il se dresse sur sa motte, le bâtiment a pris l'eau et subi les assauts du temps. Désormais, des barres de fer en préviennent l'effondrement. Renaud Camus, qui habite et rénove Plieux depuis huit ans, ne compte pas renoncer. Maintenir debout une architecture est un défi idéal pour l'amoureux qu'il est des formes et des structures.

Né en 1946, à Chamalières, Camus n'avait aucune raison de s'installer dans le Gers, et d'ailleurs la région ne lui plaît pas spécialement, trop peuplée, trop active, trop de hangars en tôle et de châteaux d'eau en ciment, pas assez de désert. Mieux aurait valu la Lozère, plus âpre donc plus lyrique, département auquel Camus a consacré un magnifique guide touristique où il inventorie les paysages du vide, de l'absence, du néant (1). Parfois, Camus regrette de n'avoir pas eu le courage de la Lozère, mais enfin le Gers reste préférable à Paris et ses nuisances. «Je suis pour l'in-nocence, dit-il. Il me semble que, si j'étais philosophe, toute ma philosophie politique s'organiserait autour de ce concept. Je regrette qu'on dise nuisance et non plus nocence. Le lien est rompu de la nuisance avec l'innocence.»

A Plieux, Camus n'a guère à craindre la nocence de ses voisins. Derrière des murs d'un mètre d'épaisseur