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Critique

Spleen l'Ancien. Entre herbier et encyclopédie, tout sur la mélancolie par un Anglais du XVIIe siècle. Robert Burton: Anatomie de la mélancolie. Préface de Jean Starobinski, postface de Jackie Pigeaud. Traduit de l'anglais par Bernard Hoepffner et Catherine Goffaux. José Corti, trois volumes sous coffret, 2 112 pp., 650 F. Digression sur l'air. Postface de Bernard Hoepffner. Mêmes traducteurs. Mille et Une Nuits, 86pp., 10 F.

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publié le 13 avril 2000 à 0h07

Attendue depuis le XVIIe siècle, voici enfin la traduction intégrale

d'Anatomie de la mélancolie, livre culte de nombreux écrivains, de Keats à Borges en passant par le splénétique Byron. Grand oeuvre de Robert Burton, l'Anatomie est l'un des livres les plus étonnants des lettres anglaises: plus de deux mille pages pour comprendre la mélancolie. Burton y compile tout ce qui a été écrit: causes, symptômes et remèdes, il recense les textes des médecins, des poètes et des philosophes. Avec près de deux cents pages d'index, ce n'est plus un livre, mais une bibliothèque entière, celle de l'Antiquité et de la Renaissance, commentée, citée, dialoguée par un écrivain maniant la digression, l'humour et la satire. Servie par la traduction de Bernard Hoepffner et Catherine Goffaux qui, sans artifice et avec une grande rigueur, font de Burton notre contemporain, cette édition mérite de figurer parmi les grandes entreprises de cette décennie.

Robert Burton est né en 1577 au manoir de Lindley Hall, dans le comté de Leicestershire. Il eut «une vie si pauvre en événements qu'elle est le désespoir du biographe», relève Jean Robert Simon dans le seul ouvrage en français consacré à l'écrivain (1). Après des études à Oxford, Burton fut reçu bachelier en théologie et prêcha. Successivement «tutor» puis bibliothécaire de Christ Church College, sa vie se déroula dans le calme des églises et celui des bibliothèques oxfordiennes, entre les commentaires de la Bible et l'annotation d'Aristote, Sénèque,