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Libération
Critique

Baldini tragique en Italie. Tueurs de sang-froid dans la chaleur du Sud. Mal'aria. Traduit par Dominique Férault. Hachette littératures, 172 pp., 98 F.

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publié le 20 avril 2000 à 23h57

Des personnages (et des auteurs) de polars, on pourrait dire ce qu'on dit des mystiques: ceux du Nord brumeux seraient solitaires, fuyant la lumière et leurs semblables; de la lumière et des humains, les Méditerranéens, en revanche, en auraient besoin comme du pain, car la sainteté ou le mal n'auraient pas de goût s'ils n'étaient pas partagés. Avec le Tueur et Mal'aria, Eraldo Baldini, le plus noir des écrivains italiens, vient mêler les cartes de ce trop commode rangement. Dans le Tueur, un officier nazi fait montre d'une prédisposition au mal supérieure, s'il est possible, à celle des SS, et il déploie ses vastes talents: un camarade d'école, sa mère, des partisans italiens trucidés de diverses manières, des collègues qui ont gardé une étincelle d'humanité, puis, à nouveau, quarante ans après, un chien et deux enfants, tout y passe, avec une constante délectation. Dans Mal'aria, campés sur les zones marécageuses du delta du Po, les fascistes chassent en groupe, au vu et au su de tous, en tuant autant qu'ils ont envie (parfois même un peu plus), et s'appuient pour mener à bien leurs funestes desseins sur le fond ancestral de légendes et superstitions d'une communauté paysanne reculée.

Né à Ravenne il y a quarante-six ans, Eraldo Baldini, après avoir fondé le Groupe 13 avec Carlo Lucarelli et Marcello Fois, gravite aujourd'hui, avec ces mêmes auteurs et d'autres, autour de Incubatorio 16, une revue littéraire présente sur le Net. Tout ce beau monde a joué un rôle