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Libération
Critique

Landel languit d'elle. Entre haine et amour, tout est question de proportion. Vincent Landel: Les Larmes de Léa Kheim. La Table ronde, 160 pp, 89 F.

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publié le 20 avril 2000 à 23h58

Evidemment, si on ne connaît pas Vincent Landel, on est surpris de

trouver à la toute fin du livre cette phrase qui le plus souvent prend place au début: «Toute ressemblance avec des personnes ou des chats existants serait fortuite.» Ceux qui le connaissent un peu se souviennent, oui, tiens, c'est vrai, Landel a des chats, des chats imprévisibles comme tous les chats, dont on peut pourtant prévoir qu'ils ne viendront pas se plaindre de figurer dans un bon livre. Ceux qui le connaissent intimement ont dû se retrouver dans les personnes fortuites et ressemblantes, cercle centrifuge de femmes dispersées, et nous autres, les lecteurs ordinaires, buvons ce petit lait aigre doux de Landel, celui goûté dans son précédent roman et son arôme pervers de revenez-y, Place de l'Estrapade (La Table Ronde) dont on disait: «Un livre de haine comme il y a des livres d'amour. D'ailleurs, ce sont les mêmes, seules les proportions changent.» Ainsi les Larmes de Léa Kheim est une récidive. Les proportions ont changé, il y a là deux fois plus de chats, dix fois plus de femmes, un peu moins de haine, mais la recette est la même, un peu plus mesurée page 87: «Il y a tant de degrés et une si grande variété dans l'échelle des sentiments qu'il faut se résoudre à la nuance et à une certaine perplexité; l'amour et la haine ne sont que des bornes grossières.» En seize courts chapitres, Vincent Landel offre un nuancier sans bornes, un arc-en-ciel de prénoms de femmes, de l'infrarouge d'un pur amour métall