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Libération
Critique

Réserves de la République. Démocratie et république en France: bilan d'un système qui s'est imposé en laissant en suspens les questions sociales. Marc Sadoun (sous la direction de): La Démocratie en France. Tome I, Idéologies. Gallimard, 474 pp., 165F. Tome II, Limites. Même éditeur, 570 pp., 185 F.

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publié le 20 avril 2000 à 23h57

La démocratie, en France, s'incarne volontiers sous les traits

familiers de Marianne. Cette assimilation acquiert la force de l'évidence ­ une évidence que martèlent, jour après jour, les hommes politiques prompts, Jean-Pierre Chevènement en tête, à célébrer les vertus républicaines. Cette identification, pourtant, ne va pas de soi. Outre que la démocratie s'accommode fort bien de la monarchie (l'exemple de l'Espagne ou de la Grande-Bretagne le démontre), des tensions parcourent ces deux pôles. A l'heure où la Ve République, sans être menacée, suscite de multiples interrogations, il n'était sans doute pas inutile de réfléchir sur le couple bien français que forment démocratie et république en répudiant les fausses évidences, en évitant également de célébrer un improbable «miracle français» C'est à ce travail que se livre une équipe pluridisciplinaire, entraînée par Marc Sadoun.

De fait, loin de ressembler à un long fleuve tranquille, l'enracinement de la République a plutôt emprunté un cours tumultueux. Les ennemis du régime, au vrai, ne manquaient pas. Unissant son destin à celui de la monarchie, l'Eglise contestait la prétention de la république à l'universalisme ­ un universalisme inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme sacralisant le citoyen aux dépens du croyant. Les monarchistes dénonçaient un régime sacrilège par surcroît défendu, à partir de 1870, par des partis profondément divisés. Du boulangisme à Pierre Poujade, les extrémistes, enfin, menacèrent à plusie