Les aficionados ne seront pas déçus par le troisième et dernier tome
qu'Alain Peyrefitte consacre au grand homme. Ministre de la Recherche puis de l'Education nationale, l'académicien récemment disparu avait pris l'habitude de consigner les entretiens que le Président de la République lui accordait. Les témoignages saisis sur le vif qu'il propose présentent donc un intérêt exceptionnel. La période couverte (janvier 1966-28 avril 1969) est fertile en événements, du «Vive le Québec libre» à la démission du général en passant, bien entendu, par la crise de mai 1968.
L'ouvrage offre peu de scoops. Parmi les pépites, signalons que de Gaulle, en mai 1968, envisage de faire donner la troupe contre les émeutiers puisqu'un «ministre de l'Intérieur doit savoir, s'il le faut, donner l'ordre de tirer». On imagine la stupéfaction résultant de cette déclaration émise en privé devant quelques ministres" L'intérêt du livre dépasse toutefois le cadre des anecdotes. La chronique que tient scrupuleusement Peyrefitte éclaire en effet la pratique quotidienne du pouvoir gaulliste, en dévoilant ses forces mais également ses faiblesses.
Ses forces, puisque de Gaulle ce que l'on pressentait gouverne en se fondant sur des principes et des idées médités de longue date. Ainsi, le «Vive le Québec libre» lancé à Montréal en juillet 1967 ne résulte pas d'une brutale impulsion, mais correspond bien à une démarche réfléchie, visant à réparer le criminel abandon des Québécois commis par la monarchie, e