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Libération
Critique

Luttes et ratures. Un roman et une revue qui s'attaquent au nihilisme, au risque de s'y laisser prendre. François Meyronnis. Ma tête en liberté. Gallimard, «L'infini», 268 pp.,115 F. Ligne de risque. n°13-14, printemps 2000, 44 pp., 40 F.

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publié le 27 avril 2000 à 23h47

Combien de fois François Meyronnis a-t-il lu les Chants de Maldoror

pour arriver, avec son premier roman Ma tête en liberté, à en faire un pastiche aussi réussi? Est-ce de l'empathie pure ou une surenchère ironique? La réponse est aisée: les deux, puisque l'ironie, le pastiche, dantesque en particulier, est déjà la clé de Maldoror. Pourquoi pas, après tout, c'est plutôt drôle et bien fait. Dans Ma tête en liberté, c'est l'écrivain Simon Malve qui parle. Une conspiration nihiliste est ourdie contre lui. Mais dès le début, un personnage, Nieth, qui est un critique littéraire plutôt favorable à Malve, va se charger de désamorcer sa prose car «entre ses mains une bombe devient un bouquet d'asparagus». Ça avait bien commencé, mais là, on comprend que les asperges sont bouillies et que c'est le genre de roman dont le sujet risque d'être: je suis tellement génial que personne ne peut me comprendre et les pires lecteurs sont ceux qui apprécient mon livre, car cette sympathie gluante m'assimile à leur néant (1). Tant pis, éprouvons de la sympathie quoi qu'il en soit. Soixante-dix pages plus tard, Malve nous informe que la censure a fonctionné et qu'on lui vole le livre que nous sommes en train de lire au moment où il l'écrit. Bien d'autres péripéties (entre autres un dialogue entre le vit de Napoléon et son corps) nous mèneront au terme de ce roman mais entre temps, on a eu droit au récit d'un combat entre la revue «Nef Nef» et les «perpendules». Les lecteurs qui ne s'intéressent que