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Libération
Critique

Manifeste Dada. Une fiction documentée sur l'ubuesque dictateur qui terrorisa l'Ouganda de 1971 à 1978. Giles Foden, Le dernier roi d'Ecosse. Traduit de l'anglais par François Lasquin. Editions de l'Olivier, 459 pp., 130 F.

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publié le 27 avril 2000 à 23h47

Idi Amin Dada en monstre du Loch Ness, roi d'Ecosse des ténèbres

émergeant des highlands en grand uniforme, la poitrine constellée de médailles militaires, macarons à la démesure du maréchal-président à vie qui terrorisa l'Ouganda de 1971 à 1978? L'idée, a priori saugrenue, prend consistance sous la plume de Giles Foden, qui l'explore en 450 pages d'un roman aussi luxuriant que la flore dans l'ancienne «perle de l'Afrique» de l'Empire britannique. Non seulement parce qu'Amin s'attribuait dans son florilège de titres de gloire: «Seigneur de toutes les bêtes de la Terre et de tous les poissons de la mer, Vainqueur de l'impérialisme britannique»"- aussi celui de souverain de l'Ecosse, autre colonie rebelle de Londres et, donc, terre amie. Mais, surtout, parce que l'exotisme proche éclaire l'exotisme lointain, le nationalisme à la cornemuse les tonitruances du retour à «l'authenticité» sous les tropiques. Rien n'est confondu, cependant. Le «terroriste» de la cause écossaise, Archibald Drummond Weir, est arrêté par la police, tandis qu'Amin arrive au pouvoir et l'exerce pendant sept ans. Bilan: un fait divers, d'un côté, plus de 300 000 morts, de l'autre.

Giles Foden, jeune rédacteur en chef adjoint des pages littéraires du quotidien britannique The Guardian, a grandi en Afrique, entre autres en Ouganda. Il raconte l'histoire d'un médecin écossais, le Dr Nicholas Garrigan, qui part pour l'ex-colonie comme coopérant, s'y installe en brousse et rencontre, grâce à une Maserati planté