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Libération
Interview

Un Ukrainien pas manchot.

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Entretien autour du «Pingouin» avec Andreï Kourkov, spécialiste de l'homo sovieticus et de l'avis des animaux.
publié le 27 avril 2000 à 23h47
(mis à jour le 27 avril 2000 à 23h47)

«Je suis un écrivain ukrainien d'origine russe qui écrit dans sa langue d'origine», dit Andréï Kourkov, né en 1961 à Saint-Pétersbourg et qui partage son temps entre l'Angleterre (sa femme est anglaise) et l'Ukraine. «En travaillant six mois en Angleterre, on peut ensuite vivre bien six mois en Ukraine.» Scénariste (il a écrit l'Ami du défunt pour Pavel Lounguine), il a publié depuis 1991 huit romans plus quatre pour enfants. Il dit qu'il a appris l'anglais (il parle plein d'autres langues, dont le français, l'allemand et le japonais) grâce à la collection de cactus qu'il fit de 10 à 12 ans, «la septième d'Ukraine» (il le savait en tant que membre de la société des amateurs de cactus d'Ukraine). Il connaissait le nom latin de ses 1500 plantes, et de là ce fut un jeu d'enfant pour lui de passer à l'anglais.

Traduit dans une dizaine de pays, best-seller en Allemagne, le Pingouin est l'histoire d'un écrivaillon qui a récupéré l'animal lors de la faillite du zoo. S'occuper du pingouin installé dans sa salle de bain n'est pas toujours commode. On lui propose un jour de rédiger des nécrologies pour les journaux. Il en fait d'avance, un peu déçu que des articles de si bonne qualité restent inédits, les gens ne mourant pas au rythme où il écrit. Il ne se sent pas beaucoup mieux quand l'actualité rend nécessaire la publication accélérée de ses nécrologies. Manipulations, mafia et luttes de pouvoir: à travers la fantaisie du récit, apparaît une (mauvaise) image de la Russie d'aujour