Gilles Deleuze s'est donné la mort le samedi 4 novembre 1995, en se jetant par la fenêtre de son appartement, avenue Niel, à Paris. Il avait quitté le Mas-Revéry à la mi-septembre. Selon le témoignage de son fermier Claude Lanique, rapporté par la Montagne, il avait pu encore, pendant l'été, bien que très malade («j'ai plus de poumons»), se promener dans les environs du petit hameau qui domine la vallée de la Vienne, à quelques kilomètres de Saint-Léonard, sur la route de Saint-Germain-les-Belles. C'était son «deuxième pays».
Au philosophe du nomadisme et de la «déterritorialisation», parisien de naissance, il messied certainement d'attribuer un «sol», un petite patrie ou un terroir. Pourtant, Saint-Léonard-de-Noblat a été pour Deleuze quelque chose de «très doux et puissant» à la fois. «J'aime le Limousin et je ne sais pas dire pourquoi. C'est ainsi. Mais pensant aux gens d'ici, à leur vue, je me dis: ce qu'il a fallu de brassages de peuples et de civilisations pour faire un tempérament limousin. J'aime ce goût pour la laïcité.» Il séjournait aussi longtemps que possible, durant les beaux jours, dans la «maison de maître» que sa femme, Fanny, tenait de son père, une belle demeure avec un jardin fleuri à la française et des grilles dont la forme et la couleur évoquaient l'Espagne. «D'ici, par temps clair, on aperçoit Millevaches.» La pièce dans laquelle il travaillait il a rédigé là la plupart de ses livres était au deuxième étage.
De Limoges ou de Tulle, on n'a pas manqué