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Critique

La dernière surprise-partie. Un manifeste philosophique post-situationniste sur le «Bloom», personnage à peine conceptuel, «fils catastrophique de l'ère industrielle et de la fin de tous les enchantements». Tiqqun. La Théorie du Bloom. La Fabrique éditions, 140 pp., 59 F.

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publié le 4 mai 2000 à 0h37

On s'en doutait, mais de Bloom il n'y a pas que celui, éponyme, de

l'Ulysse de James Joyce. Peu ou prou, trop ou pas assez, on est tous des Bloom qui s'ignorent. Presque tous, car une bande de jeunes philosophes ­ de filiation fondamentalement situationniste ­ réunie autour de la revue Tiqqun n'ignore rien, en revanche, du Bloom et entend partager ce savoir dans un livre-manifeste, la Théorie du Bloom justement.

Tout au long de l'histoire, un Bloom par-ci, un autre par-là, a pu bien se manifester; cependant, il «n'apparaît comme figure dominante au sein du processus historique qu'au moment de l'achèvement de la métaphysique, dans le Spectacle». Marchandise, Publicité, Spectacle, mais aussi Biopouvoir, Exil, Exode, Communauté (à venir et plus ou moins désoeuvrée), ce sont les concepts qui jalonnent ce Manifeste, manière de souligner que les nouveaux insurgés ne (re)connaissent pas que les textes de Guy Debord. Ils ont en effet tout lu et, d'ailleurs, Bloom, sous différents noms (après celui d'Ulysse), a été le héros quasi exclusif de la littérature et de la philosophie du XXe siècle, de Jarry à Michaux, de Pessoa, à Kafka, Musil, Camus, etc. Philosophes, les animateurs de Tiqqun suggèrent dans le même mouvement la généalogie de leur «métaphysique critique»: le jeune Lukàcs, Heidegger, Marcuse et, aujourd'hui, Nancy, Agamben ou Virno" Aussi le Bloom est-il reconnaissable dans les livres, parce que chacun d'entre nous l'a déjà rencontré dans le monde: «Dernier homme, homme de la