L'urcéole n'est pas une nouvelle maladie infantile, ni un insecte de
la famille des lampyridés. C'est une variété d'arbre à caoutchouc, et c'est aussi le nom que Valérie Weiss a donné à son entreprise individuelle de livres en latex pour enfants, située dans une pièce de sa maison, à Besançon. A 36 ans, elle est devenue chef d'entreprise et du coup créatrice, ouvrière, éditrice, attachée de presse. Elle ne fait pas les trente-cinq heures. Pourquoi s'est-elle lancée dans cette aventure? «Je ne voulais pas laisser dormir mes rêves au placard.» Elle avait envie d'écrire des histoires en caoutchouc. Dans ses mots, d'ailleurs, il y a quelque chose d'élastique, d'organique, qui remonte à la source, comme si, pour donner la recette de la confiture à la rhubarbe, on racontait d'abord l'histoire de cette «racine barbare».
La jeune femme est accro au latex qu'elle achète (120 F le litre) à Paris-Berlin, une boutique parisienne bien connue des gens du spectacle. On y trouve tout, du faux ongle léopard à la perruque la plus échevelée, elle y va depuis des années. Avant, elle était maquilleuse au théâtre, elle évoque Alain Cuny, Tsilla Chelton, Maria Casarès, les plus généreux, les plus riches de ceux dont elle a travaillé le visage, ceux qui vous donnent envie d'aller au fond de soi. Valérie Weiss se souvient d'un soir au palais des Papes, à Avignon, où Maria Casarès, un énorme cocard à l'oeil gauche, doit entrer en scène. La maquilleuse se dépêche pour masquer les dégâts, quand «Maria»