Flânerie littéraire autant qu'invite à se dégourdir les jambes,
Eloge de la marche de David Le Breton se veut moins l'esquisse d'une anthropologie du marcheur qu'une manière de faire de l'anthropologie en marchant. D'ailleurs, si la marche réduit l'immensité du monde aux proportions du corps, c'est toute la démarche de ce professeur de l'université de Strasbourg qui part du corps et ne cesse d'y revenir depuis son premier livre (Corps et société, Méridiens-Klincksieck, 1985) jusqu'à l'avant-dernier (l'Adieu au corps, Métailié, 1999). Au fil des ouvrages, la vision de David Le Breton s'est quelque peu assombrie: de marqueur fondamental de la modernité, après les siècles de la mortification chrétienne, le corps apparaît aujourd'hui comme l'objet d'investissements hyperboliques médicaux et symboliques (jeunesse, beauté, identité, performance") qui semblent annoncer, avec la perte de son intégrité propre, une paradoxale dévaluation.
Nietzsche affirma avoir commencé à penser assis avant d'en arriver à une pensée en marche, et que cela a changé tout, sa philosophie et son écriture. Etes-vous plutôt bureau ou plutôt chemin?
Je suis plutôt chemin. J'essaie de pratiquer une anthropologie du plein vent, d'être ouvert au monde même si je suis aussi un grand lecteur. Le bureau est pour moi un lieu austère, même s'il est nécessaire pour disposer des livres, des dossiers, taper les textes, etc. J'écris dans les interstices, souvent en voyageant, dans les trains ou ailleurs. J'aime énormém