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Libération
Critique

Le Collins inspiré.

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Un inédit du victorien à qui P. D. James et Ruth Rendell vouent un même culte.
publié le 11 mai 2000 à 0h28

«Je suppose que la plupart des lecteurs accorderaient à la Pierre de

Lune de Wilkie Collins, publié en 1868, la distinction d'être le premier roman policier moderne», écrit P.D. James dans ses mémoires. Lui répond en écho Ruth Rendell qui, dans sa préface à la réédition de l'autre chef-d'oeuvre de Collins, la Femme en blanc, précise que, «dans ce roman obsessionnel, le personnage principal est mené par le fouet de sa sexualité névrotique». Elle s'extasie plus loin sur ce qu'elle considère comme la caractéristique majeure de la fiction de Collins: «Le lecteur moderne ne manque pas de reconnaître que les personnages y sont vivants et que les intrigues n'ont plus rien à voir avec celle de ses prédécesseurs, comme Ann Radcliffe par exemple.» Les baronnes diffèrent dans leur approche du maître: James admire «la précision apportée au traitement des détails médicaux», Rendell est fascinée par la manière dont Collins aborde ses personnages «dotés d'une réelle puissance», mais toutes deux s'accordent pour lui reconnaître la paternité de leur art. Fils d'un célèbre peintre paysager, Wilkie Collins (1824-1889), beau-frère de Dickens, fut l'auteur des plus mémorables thrillers victoriens. Mais, assez étrangement, il fut de son temps davantage reconnu en Amérique ­ où il fit des tournées de conférences très applaudies ­ et en France, où ses oeuvres, publiées par Hetzel et Hachette, eurent un retentissement énorme. Le public français l'avait un peu perdu de vue, mais le voici qui revient