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Libération

Riche et célèbre. Bécassine au Proche-Orient.Mazarine Pingeot. Zeyn ou la reconquête. Julliard, 206 pp., 119 F.

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publié le 11 mai 2000 à 0h28

Si Mazarine Pingeot publie un troisième roman, après Premier roman

(un peu plus de 53 000 exemplaires vendus chez Julliard, sur un tirage de 80 000) et Zeyn ou la reconquête que voilà (tirage de 25 000 exemplaires, chiffre de Livres-Hebdo), elle devra faire attention aux verbes. Il n'est pas agréable de voir l'héroïne marcher dans la rue en «tripotant sa carte orange à moitié déchirée», et de la retrouver trois paragraphes plus tard avec des «mains qui trituraient les pages d'un mauvais papier». Il y a des détails, aussi, qu'il convient de surveiller, à moins d'avoir clairement signifié au lecteur qu'on cherche à bousculer les conventions réalistes de base. Il faut décider, lors d'un chapitre, s'il ne fait «pourtant pas froid» ou si le vent est «glacial». Il faut savoir si on se tient «le bas de l'estomac» ou si on souffre «au bas du ventre».

Ceci se passe au cours de la première partie. Zeyn apprend la mort de son père. Deux ans auparavant, à l'âge de 16 ans, elle est partie de chez elle. Elle revient avec appréhension à l'appartement familial où l'attendent ses deux frères et leur mère, qui entendent s'arroger la légitimité du chagrin. Restée seule avec le défunt, Zeyn étouffe, on le comprend bien. Il est dommage que l'émotion doive passer par une phrase où il est rappelé en quoi consiste le phénomène de la respiration: «Elle s'éloigna du corps du plus loin qu'elle le put, et posa son front sur la vitre, cherchant à l'extérieur l'air qui l'avait désertée.»

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