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Libération
Critique

Ruth Rendell, à l'aise dans le stress.

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publié le 11 mai 2000 à 0h28

Ruth Rendell est l'auteur baronne du roman policier anglais, mais, à

la différence de sa consoeur et amie P.D. James, elle a été anoblie sur proposition de Tony Blair. Elle ironise: «Je n'ai tout de même pas voté travailliste pendant quarante ans pour rien.» Quatre après-midi par semaine, elle siège donc à la Chambre des lords ­ sans rémunération, précise-t-elle ­, très préoccupée par le sort des immigrés et des sans-logis, un combat qui, chez elle, ne date pas d'hier. Cette fille de petits profs de la banlieue nord possède une science aiguë de la misère morale et matérielle de nombre de ses contemporains, elle en nourrit d'ailleurs ses livres avec talent" Derrière l'apparence de la septuagénaire élégante et un peu pète-sec, vibre un être lucide, d'une grande modestie ­ elle ne supporte pas ceux qui lui donnent du «lady Rendell» ­ et une authentique femme de terrain. Celui du grand labyrinthe de Londres qu'elle arpente sans relâche depuis toujours, et plus encore depuis la mort de son époux Donald. Dans sa maison victorienne, au bord du canal de Little Venice, elle se lève chaque matin à 7 heures, nourrit ses chats Archie et Pearl, puis se concentre sur son roman en cours ­ elle en publie invariablement trois tous les deux ans. Il lui arrive aussi d'écrire le soir. «Depuis que je suis seule, je sors moins le soir, mais je vais encore voir beaucoup de films, de pièces de théâtre, et j'adore l'opéra. La seule activité que mon travail à la Chambre m'a contrainte de mettre en vei