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Critique

Maison Bourdieu & Cie. Au travers d'une enquête sur le marché de la maison individuelle dans le Val-d'Oise, le sociologue s'attaque à la «théologie» économique qui gouverne le monde et Frédéric Lebaron apporte sa pierre à l'édifice. Pierre Bourdieu. Les Structures sociales de l'économie. Seuil, «Liber», 296 pp., 130 F. Frédéric Lebaron: La Croyance économique. Seuil, «Liber», 262 pp., 130 F

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publié le 18 mai 2000 à 1h07

Ce serait assurément s'exposer à déconvenue que d'attendre d'une

enquête sur la vente-achat des maisons individuelles dans le Val-d'Oise qu'elle fût excessivement sexy. Si Pierre Bourdieu en fait cependant l'ossature de son dernier livre, les Structures sociales de l'économie, c'est qu'une telle étude doit avoir, sinon des charmes, du moins des enjeux cachés, théoriques et, évidemment, politiques. Le professeur du Collège de France ne s'est pas, en effet, reconverti dans l'immobilier. D'un pas décidé, par tous les temps ­ chacune de ses interventions suscitant ou rejet haineux ou engouement passionné ­, il continue son chemin, sacrifiant «élégance» et effets de manche aux démonstrations austères, et préférant se montrer plutôt lourd qu'imprécis: au point que, parfois, au vu de quelques graphiques et diagrammes, on le dirait atteint de ce morbus mathematicus qu'il reproche aux autres d'exhiber pour gagner en scientificité et en capital symbolique. Après la société kabyle, le système d'enseignement, la «noblesse d'Etat», le champ littéraire, le journalisme, les échanges linguistiques, le jugement esthétique, les musées d'art, la science, la domination masculine, et autres, Bourdieu use donc des concepts qu'il a forgés (habitus, illusio, capital culturel, social, symbolique, etc.) pour explorer «le marché de la maison».

Des maisons, Maisons Bouygues, Maisons Phénix, GMF et Bruno-Petit, lotissements, services de l'urbanisme, prêts aux logement, POS, Socotec et ZAC, il est ici rée