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Libération
Critique

Tomber de haut. La poésie d'un Coréen pris entre désir d'ascension et vertige du précipice. JUNKWON CHO. Une tombe au sommet. Traduit du coréen par Daekyun Han et Gilles Cyr. Circé/poésie, 96 pp., 42 F.

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publié le 18 mai 2000 à 1h08

Régulièrement arrivent de Belfort, où sont installées les éditions

Circé, de petits et précieux livres verts consacrés à des poètes quasi inconnus en France. Junkwon Cho, par exemple, est coréen (du Sud). Il est né en 1949. Une tombe au sommet est son cinquième recueil, qui fut publié en 1991. Outre la poésie, il s'intéresse beaucoup à la musique et à la peinture. La postface nous apprend qu'il appartient à une génération d'intellectuels qui repensent «la question du rationalisme, compris comme théorie ayant permis le développement de l'Occident, et réévaluent ses méthodes et ses résultats».

A vrai dire, ce n'est pas ce qui frappe d'abord dans cette suite de trente poèmes, mais plutôt un irrésistible désir d'ascension que Jungkwon Cho conjugue sur tous les tons. Fleurs, arbres, montagne, cime, oiseau, musique «s'élevant, s'élevant», et dans l'autre sens, ravin, précipice, trou, cataracte. La poésie de Junkwon Cho est verticale. Elle est prise dans un double mouvement: monter vers là-haut qui est peut-être où sont Dieu et la connaissance de soi, et redescendre parce que c'est trop haut et trop difficile. Parfois, on ne peut même pas monter, on reste prisonnier en bas, mais le regard heureusement sauve un peu: «Autrefois il y avait ici un autre salaud comme toi/ il vit encore derrière les grilles de fer (")/ il ne rompt pas la chaîne ni ne travaille/ il regarde seulement la montagne, béatement/ donc nous ne le faisons pas sortir nous ne le faisons pas sortir/ il regarde seulemen