Basse continue est un retour, celui de Jean-Christophe Bailly, à la
poésie. Il n'en avait plus écrit depuis 1974, il avait 25 ans (il est né en 1949 à Paris). Il trouvait que sa veine, issue du surréalisme, était épuisée. Il ne voulait pas, vraiment pas, se colleter au trop fameux cliché dit angoisse de la page blanche. Tant pis pour la poésie. Il décida d'écrire autre chose, mais surtout pas des romans. «J'ai une relative méfiance à l'égard du roman, que je trouve une espèce de forme-tuyau qui a canalisé beaucoup d'énergie littéraire et que j'ai décidé d'éviter, mais j'ai écrit tout ce qu'on peut écrire d'autre.» Des récits, des pièces de théâtre, des essais aussi, sur la mort des dieux ou sur les portraits du Fayoum, visages peints retrouvés dans les tombes égyptiennes (1). Sur le fugitif en fait, le périssable, l'évanescent, l'éphémère. Si quelque chose fait lien entre les écrits de Bailly, tous genres confondus, c'est sans doute ce fond tenace de mélancolie, présent jusque dans les derniers vers de Basse continue: «tout était dans la chute depuis le commencement/tout tombait nous étions flocons d'avoine ["]/ tout tombait tout tombait lentement/et c'est ainsi que nous vivions».
Son goût pour l'essai a rapproché Bailly de la philosophie en général et de philosophes en particulier. Jean-Luc Nancy ou Philippe Lacoue-Labarthe sont ses amis. Leur silhouette passent discrètement dans Basse continue qui est un journal presque intime, un recueil de notations quotidiennes comme le d