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Libération

Saint-Denis. Un morceau de rois, par Michel Chaillou.

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A neuf mois des municipales. Quatrième étape d'un tour de France des villes.
par Michel Chaillou, Ecrivain
publié le 2 juin 2000 à 1h27

J'ai connu plusieurs Saint-Denis. Trente ans durant j'y enseigne dans un IUT au coin d'une rue excentrée parmi des jardinets. Je parle littérature, de vie intime des phrases avant de sortir dans la digression des trottoirs, d'observer la couleur changeante des nuages. Je me rappelle place du 8-Mai, à l'arrêt d'autobus, un bar aujourd'hui détruit, sorte de buvette mélancolique atténuée à l'automne et tenue par une blonde, son époux dont j'ai perdu la couleur des cheveux. En avait-il? Des idées de feuilles mortes rôdaient dans la salle obscure. J'y buvais un éternel café accoudé au comptoir. Il n'y a pas encore de parc ouvert au public derrière la Maison de la Légion d'honneur et de l'herbe pousse du fond des âges au pied vétuste de la fameuse basilique, ancienne sépulture de nos rois. Chateaubriand y verra le sein de Marie de Médicis bien conservé, exhumé avec le reste plus poudreux de sa dépouille.

Par quel hasard était-il présent le 12 octobre 1793, quand la municipalité révolutionnaire de Saint-Denis débaptisée en Franciade, bourg de la Franciade, ordonne de vider les tombes depuis celle de Dagobert, le premier souverain à y avoir été enterré? Gît-il dans son cercueil culotte à l'envers comme dans la chanson?

D'après les fossoyeurs le visage d'Henri IV n'était pas altéré. A tel point qu'un soldat lui coupa une mèche de sa barbe pour s'en faire des moustaches postiches. Mais Louis XIV était devenu noir comme l'encre noire. De l'épouse de Charles V, Jeanne de Bour