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Libération
Critique

Staline gratte.

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Massacres, délations, antisémitisme: quand le passé frappe à la porte vingt-cinq ans après la disparition du petit père des peuples.
publié le 8 juin 2000 à 2h02

Pavel Egorovitch Khvatkine est un professeur de droit sans histoire qui rancit dans l'Union soviétique de 1979. La vie de ce quinquagénaire ne serait que routine entre une menace de cancer, des soûleries démesurées, des engueulades paroxystiques avec son épouse qui le hait et des considérations cyniques sur la vie, la politique et la mort, si l'Histoire n'était revenue lui faire un signe. Ou plutôt une grimace. Car c'est avec un visage étrange qu'un soi-disant «gardien des fourneaux des enfers» lui demande des comptes sur son rôle dans les complots les plus criminels du début des années 50. Quand Joseph Staline lançait ses derniers raids contre son peuple.

Comme si le présent n'était pas assez horrible, voici donc Pavel Egorovitch qui replonge en mémoire plus de vingt-cinq ans en arrière, quand il était assassin galonné, exécuteur des basses oeuvres de la haute nomenklatura. A l'époque des rafles de masse, des éliminations sans procès, il était un brillant sujet de la sécurité d'Etat. Dans ses bureaux de la rue Loubianka bourrés à craquer d'accusés qu'on torturait, il était capable d'arracher des aveux à presque n'importe qui. Mais aussi de comprendre plus vite que quiconque les complots qui se tramaient dans l'appareil, les retournements et soubresauts de la politique stalinienne, la conjoncture totalitaire et d'ainsi faire sa cour au favori du moment.

C'est par calcul qu'il sera un des architectes de la plus grande opération antisémite du règne de Staline: le soi-disant comp