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Libération
Critique

Fraulein Bovary

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L'économie amoureuse et familiale sous le regard ironique de l'Allemande Gila Lustiger.
publié le 22 juin 2000 à 1h43

A. a un mari. A. trouve que son mari ne l'estime pas à sa juste valeur (elle est un objet de luxe non?) -ce pourquoi elle va prendre un amant- mais A. se trompe sur elle-même. "Le mari peut se permettre d'avoir la femme parce qu'elle a coûté beaucoup moins qu'on ne le croit. La femme a été livrée par sa mère directement au mari, du producteur au consommateur: il n'y a guère eu de frais." De sorte que c'est la mère qui s'en tire le mieux. Sa fille lui permet un bon retour sur investissement. "A présent, il [le mari] appartient aussi à la mère à travers une filiale, la fille." Quel bonheur! ironise à fond sur les relations familiales, dévoilant les enjeux économiques qui reposent derrière toute affection filiale, tout sentiment amoureux. On dirait un magazine féminin où les clichés auraient été savamment retournés grâce à l'écriture froide, analytique, comptable de Gila Lustiger. Dans Quel bonheur!, la vie de famille devient semblable à une gazette boursière, avec fluctuations des cours et brusque retournement de tendance.

A. n'est pas plus à plaindre que les autres, car elle ne vaut pas mieux, même si finalement on finit par se prendre de sympathie pour cette Bovary allemande, broyée par les enjeux financiers de sa position de femme de patron. La détresse pointe même son nez dans les dernières pages. A. est enceinte. "A la fluctuation hormonale, dit A., encore un peu fébrile; elle tâte son ventre et met le diamant à son doigt." Finalement, elle s'est fait avoir, comme les autr