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Libération
Critique

Les cauchemars de Vinci

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Traversée de l'enfer-paradis des amours enfantines avec l'Italienne Simona Vinci, qui se demande : ""Où sont les enfants?"". Mais comme disait Duras, ""les enfants, on ne sait rien"". Entretien.
publié le 22 juin 2000 à 1h42

Soyez une toute jeune fille et publiez des livres innocents capables de faire scandale, vous trouverez toujours quelqu'un pour vous comparer à Marguerite Duras, le plus souvent pour vous flatter, rarement pour vous nuire. En général, ni vous ni elle ne mérite cette comparaison, mais jamais elle ne vous déshonore. Si par bonheur vous êtes étrangère, ou, comme on dit maintenant "minoritairement visible" (comme si appartenir à une majorité rendait invisible), on écrira à propos de vos livres, Unetelle, "la Duras noire", Unatella, "la Duras andalouse", Simona Vinci, sans parenté avec Léonard, "la Duras Italienne".

Sauf qu'elle, la Simona Vinci, elle l'a un peu cherché puisqu'en exergue de son premier roman, paru à Turin en 1997, elle avait 27 ans, et, aujourd'hui en français dans "La noire" de Gallimard, en exergue, donc, elle a choisi de faire imprimer ceci: "Toutes les vies étaient pareilles, disait la mère, sauf les enfants. Les enfants, on ne savait rien. C'est vrai disait le père, les enfants on ne sait rien." Marguerite Duras, la Pluie d'été. La voici donc Duras italienne, ses héros sont des enfants, ils ont de 10 à 14 ans, ils s'entrejouent, ils s'entrebaisent, ils s'entre-déchirent, ils s'entre-tuent, ils n'ont ni tort ni raison, ils sont seuls au monde, ils sont les maîtres du monde, ils ignorent tout du monde, ils ne connaissent ni le bien ni le mal, mais seulement la curiosité ou l'ennui. Le plaisir et la douleur.

En italien, "Les enfants, on ne sait rien" se dit Dei ba