Après le succès inattendu du Valet de Sade (30 000 exemplaires) en 1998, le jeune auteur norvégien Nikolaj Frobenius, né en 1965, renchérit sur ses thèmes favoris de l'identité et de l'obsession avec le Pornographe timide. Dans le premier livre, un homme disséquait les cervelles de ses victimes pour comprendre le mystère de la douleur. Dans le Pornographe, un adolescent, Simon, part à la recherche de son amie Sara. Celle-ci disparaît, à la suite d'une tragique session de photo érotique dont ils étaient les témoins. L'auteur du crime, un policier originaire du pays du P., s'est lui aussi volatilisé. Simon s'embarque pour le P. afin d'élucider le mystère. Là il découvre une île toute dédiée à la sexualité. Dans ce voyage, métaphore de sa puberté, il plane une inquiétude sourde qui n'est autre que sa propre angoisse du sexe. Frobenius est tout autant marqué par la tradition nordique de l'acuité visuelle (Stig Dagerman, Ingmar Bergman) que par la culture de l'image et notamment celle du cinéma. On pense à Blue Velvet de Lynch pour l'étrangeté de l'atmosphère. Son intérêt pour le septième art s'est du reste concrétisé avec le scénario d'Insomnia d'Erik Skjoldbjærg, sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes en 1997. Aujourd'hui, il travaille sur l'adaptation d'un roman pour le même réalisateur.
"Le Pornographe timide", n'est-ce pas un peu paradoxal?
C'est le point de départ du roman: faire tout tourner autour de la timidité de Simon, de son caractère prude. Mais il est pornog