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Libération
Interview

""Manet avait quelque chose de baudelairien""

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publié le 29 juin 2000 à 1h56

Vos analyses reposent principalement sur l'étude du contexte historique et le dépouillement des textes critiques contemporains de la période considérée. Estimez-vous caduque toute approche herméneutique des oeuvres elles-mêmes?

Il est très difficile de travailler en s'appuyant à la fois sur la critique d'art et sur la peinture elle-même. Mais les tableaux aident à lire les critiques et les critiques aident à lire les tableaux. Dans mon livre sur Courbet, la critique touchait peu aux tableaux et la place de mon interprétation personnelle était plus grande. C'est la critique qui pousse et porte mon interprétation. Il ne s'agit pas d'un refus de l'herméneutique, plutôt d'une herméneutique qui s'appuie simultanément sur la peinture et sur la critique. J'ai, par exemple, été frappé par la question du face-à-face chez Manet qui constitue sa force de frappe, son instantanéité. C'est pourquoi j'ai été ravi de retrouver cette préoccupation dans la critique de l'époque. Si on lit les critiques sans aucune intuition, on se contente alors de tomber sur des mots comme "frappant", "contraste", "face-à-face" sans réussir à les relier ni à les interpréter. On peut certes me critiquer pour des idées considérées comme des a priori, mais force est de constater que ce que j'avance se trouve déjà là, dans les textes critiques de l'époque. Quand on lit la critique avec un oeil sensible, on découvre ces éléments. Il suffit ensuite de les rassembler et de fonder un argumentaire. Il existe un autre a