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Libération
Critique

Quinze ans après

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Vassilis Alexakis se souvient-il avoir déjà publié en 1985 ce roman qui conte les mémoires d'un amnésique? Apparemment oui, puisqu'il en donne aujourd'hui une mouture affinée.
publié le 29 juin 2000 à 1h56

Le livre avait paru au printemps 1985, sous le même titre, chez un autre éditeur (Le Seuil), sous l'aile du même éditeur pourtant, Jean-Marc Roberts, qui a trimbalé Vassilis Alexakis dans ses valises, du Seuil au Mercure de France, chez Fayard et aujourd'hui chez Stock dont il est le gérant. A l'époque, le livre, quoique plus long, on le verra, ne comportait que 194 pages (en fait 196, mais une erreur de pagination faisait commencer le texte page 7, numérotée 9), au prix de 75 francs, comme quoi les bons livres valent bien plus qu'ils ne coûtent.

Quinze ans plus tard, Alexakis a passé deux mois sur ce texte ancien, pour le rendre meilleur, dit-il, ce qui ne manquait pas d'ambition. Ni de modestie. Alexakis avait déjà fait le coup avec Talgo (Le Seuil, 1982; Fayard, 1997) et Paris-Athènes (Le Seuil, 1991; Fayard, 1997), mais peu d'écrivains se livrent à ce genre d'exercice, quelques exceptions mises à part: on sait qu'Ismaïl Kadaré a repris chacun de ses romans à chaque nouvelle édition, que le Général de l'armée morte a été modifié près d'une cinquantaine de fois, autant que d'éditions différentes en albanais, au point que les traducteurs ne peuvent pas suivre.

Le travail de reconstruction du livre l'améliore certainement, le polit et le tend tout à la fois, mais il ne retire rien à la drôlerie, au charme, au chagrin et au délicieux vertige de sa première mouture, cet étrange jumeau, son aîné de quinze ans. Souvenons-nous. Le livre lui-même dit que ce livre aurait pu être un f